Dites au revoir aux batailles plates et sans panache, bonjour aux combats épiques et passionnants
Vous êtes maître du jeu et lorsque vous déclenchez des scènes de combats vous entendez vos joueurs soupirer ? Vous sentez que vos batailles manquent de panache ? Vous sentez bien que vos escarmouches brisent le rythme du jeu ? Pas de panique, vous n’êtes pas seul ! Mener un combat intéressant n’est pas une chose facile et demande un peu de pratique, mais c’est à la portée de n’importe quel meneur de jeu.
Dans ce guide, je vous présente un certains nombres de trucs et astuces que j’ai développées au fil de ma carrière de MJ ou que j’ai acquis grâce à l’expérience d’autres maîtres du jeu.
À l’issue de ce guide, vous aurez toutes les armes pour créer des combats de jdr intéressants, dont vos joueurs se souviendront longtemps.
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Pourquoi dynamiser ses combats ?
En tant que MJ et même en tant que joueurs, j’ai souvent fait jouer ou participé à des combats qui manquaient d’intensité. On enchaîne les rounds sans panache, en se contentant de dire « je tape », « j’inflige XX dégâts », etc. De fait, tous les combats deviennent banals, brisent trop souvent le récit et cassent donc l’immersion du jeu…
Pendant un combat, les joueurs se transforment en tacticien alors qu’il serait bien plus intéressant d’aller au-delà de l’aspect technique. En effet, un combat n’est pas qu’une succession de jets de dés pour savoir qui tape qui… C’est un instant qui change la dynamique du jeu et permet d’explorer tout le reste des facettes du JDR : la créativité, le roleplay, l’immersion, la prise de risque…
Éviter la perte de l’immersion
Il y a certes des joueurs qui adorent de côté très simulationniste et tactique, fortement inspiré des jeux de figurines. Cependant, pour la plupart des joueurs, l’immersion est au cœur du roleplay et les phases de wargame sortent souvent les joueurs du jeu et cassent l’ambiance que vous avez eu tant de mal à construire.
En partant du principe que vos joueurs ne sont pas fans des combats tactiques qui durent des heures, deux options s’offrent au maître du jeu :
- Arrêter de faire des combats ;
- Trouver des solutions pour les rendre plus intéressants et plus vivants.
Si vous lisez cet article, c’est que c’est la 2e option qui vous intéresse, nous allons donc voir ensemble quelques techniques pour faire des combats de jeu de rôle intéressants.
Quand j’étais MJ débutants, je ne les utilisais pas forcément. Mes joueurs appréciaient les sessions de jeux, mais me reprochaient souvent des combats trop longs et pas très intéressants… J’ai beaucoup travaillé là-dessus pour développer ces techniques. Depuis que je les utilise, mes combats marquent beaucoup plus les joueurs, ils sont maintenant beaucoup plus impliqué dedans qu’avant et ils les attendent en général avec impatience 🙂
Si mes joueurs ont autant apprécié le changement, alors je suis prêt à parier que les vôtres aussi vont commencer à aimer les combats.
Comment rendre ses combats intéressants ?
1. Préparez vos combats
En tant que maître du jeu vous devez le savoir : La préparation est la base d’une session de jeu réussie ! Eh bien il en va de même pour les combats.
À l’image d’un scénario de jeu de rôle, la préparation d’une scène de combat va vous permettre d’être beaucoup plus à l’aise dans votre masterisation. Vous serez ainsi moins pris au dépourvu par les actions de vos joueurs, le combat gagnera en crédibilité ainsi qu’en profondeur.
D’accord, le jeu de rôle c’est aussi de l’improvisation, mais vous devez préparer un minimum vos combats, sans quoi ils risquent de manquer d’intensité. Il ne s’agit pas de forcément tout prévoir de A à Z, mais au moins de préparer des éléments afin de ne pas devoir tout improviser sur le pouce.
2. Décrivez vos actions
Il s’agit là d’un d’une des choses les plus importantes, pour reprendre le contrôle sur les combats en jeu de role : Décrivez vos actions !
Arrêtez les traditionnels « j’attaque », « je me mets sur la défensive », « je lance une boule de feu » et faites des phrases pour illustrer vos actions !
Vos actions avant :
Meneur de jeu – Le guerrier t’attaque, il touche à 21 et t’inflige 13 points de dégâts
Joueur – Ok, c’est dur, mais ça va, il me reste 7 points de vie. Je le tape, je fais 19 pour toucher et j’inflige 8 points de dégâts.
Vos actions après :
Meneur de jeu – Le guerrier en armure, pousse un cri de guerre terrible et te charge violemment. Tu essayes de repousser son assaut, mais il arrive à passer ta garde et te plante la pointe de sa lame dans l’avant-bras, tu prends 13 points de dégâts.
Joueur – Aïe, je sens la douleur qui remonte jusqu’à mon épaule, mais je tiens bon ! Je pousse un hurlement de rage et tente de le repousser d’un coup de gourdin, je lui inflige 8 points de dégâts.
Vous voyez la différence ? Avant, la discours est assez froid et technique là où après il fait parler l’imagination et permet de visualiser la scène. Mieux que ça, elle permet d’ajouter du roleplay et du jeu, dans le jeu.
3. Interagissez avec les éléments du décor
Ah, le décor… Il s’agit là d’un des éléments les plus laissés de côté dans les combats de JDR. C’est triste quand on connait le potentiel qui se cache ans l’utilisation adéquate d’un élément de décors.
Avant le début d’un combat, ou même pendant son déroulement, décrivez aux joueurs l’environnement qui les entoure :
- Une description sommaire du lieu ;
- L’ambiance qui y règne ;
- Les choses notables ;
- Quelques détails anecdotiques.
Inutile de trop entrer dans les détails, vous ne feriez qu’assommer les joueurs et casser encore plus leur immersion. L’idée ici est qu’ils arrivent à se projeter dans l’espace et qu’ils aient quelques pistes pour utiliser l’environnement de façon ingénieuse.
Pour le reste, soyez logique, des éléments de décors évidents peuvent être ajoutés, que ce soit par le maître de jeu ou les joueurs… Il y a peu de chances de trouver des plantes dans le hall d’un château, en revanche il regorgera surement de vases et autres bibelots.
À vous de décider s’il est logique qu’un élément soit là…
Les avantages de cette méthode sont nombreux :
- Vos joueurs se projettent dans les lieux ;
- Ils sont donc plus à l’aise dedans ;
- Ils utilisent le décor à leur avantage, donnant plus de profondeur au combat ;
- Ils sont beaucoup plus créatifs dans leurs actions, on n’est plus dans le simple : je fais un pas de placement et je tape ;
- Chaque objet peut être utilisé d’une façon inattendue, que ce soit par eux ou par vous, apportant son lot de surprises.
4. Soyez créatif
Jeu de rôle et créativité ont toujours été de paire, il n’y a donc aucune raison à ce que les combats fassent exception.
Vous avez déjà semé les graines qui vont permettre à vos joueurs d’être inventifs puisque maintenant tout le monde décris ses actions et évolue dans des environnements qui regorgent de détails, de vie et de solutions inattendues.
Mettez ça à profit et adaptez-vous aux situations de façon créatives ! L’exemple classique reste le chariot qu’on renverse lors d’une course poursuite, afin de ralentir ses poursuivants.
Un groupe d’ennemi vous charge ? Faites tomber sur eux cette colonne qui a l’air fragile. Un combat dans des escaliers ? Une flaque d’huile devrait réduire le nombre d’ennemis. Adaptez-vous aux situations et rendez les combats plus intéressants qu’une simple succession d’attaques et de défenses.
5. Utilisez vos ennemis et créatures de façon logique
Beaucoup de jeux de roles sont livrés avec un bestiaire, qui regorgent de créatures et qui expliquent leurs comportements, leurs, attaques, etc. C’est une très bonne chose d’avoir des informations sur les créatures, mais au-delà de ce que le livre vous donne, essayer de rester logique dans l’utilisation de vos créatures.
Prenons le cas d’un géant : Au lieu de simplement attaquer les joueurs avec son arme, pourquoi ne leur lancerait-il pas des objets de grande taille ? Il peut tenter d’attraper un joueur pour le lancer au loin ou même l’utiliser pour en taper un autre.
Le dragon est certes connu pour son terrible souffle de feu, mais il peut aussi tenter des approches différentes en constatant que son souffle n’est pas très efficace sur des groupes dispersés ou résistants au feu. Dans ce cas, il serait plus intelligent pour lui d’attraper un joueur, de l’emmener en hauteur et de le relâcher pour le laisser s’écraser lourdement au sol.
Les créatures sont comme vos joueurs, face à un problème, elles tentent de trouver des solutions et s’adaptent à la situation, surtout quand elle leur est défavorable. Un groupe d’orcs hostiles, qui a perdu les 3/4 de ses membres cherchera sûrement à fuir pour sauver sa peau, plutôt que de mourir dans un combat perdu d’avance…
Un ennemi seul face au groupe cherchera en général plus à sauver sa vie qu’à mourir l’arme à la main, dans l’honneur.
En utilisant ainsi vos créatures et autres ennemis, vous les rendez crédibles. Ainsi, leurs actions et leurs réactions rendent les combats beaucoup plus prenants puisqu’on sort de la logique « C’est mon tour, je tape ».
6. Surprenez vos joueurs
Je vais être direct, les combats prévisibles sont chiants. Vous voulez ajouter un peu de piquant afin que vos que vos combats soient mémorables ? Alors surprenez vos joueurs.
Voici quelques exemples d’éléments imprévisibles :
Faites évoluer la zone du combat
Une partie de la maison qui s’effondre, une pluie torrentielle qui emporte les chariots sur lesquels vous combattez… Voici autant d’éléments qui font évoluer la zone de jeu et donc modifient la dynamique du combat. N’en abusez pas non plus afin de ne pas provoquer un effet de lassitude, mais utilisé de temps de temps, cette technique est très appréciée des joueurs.
Faites intervenir des renforts inattendus
Le groupe ennemi est vaincu et les aventuriers commencent à panser leurs blessures, malheureusement pour eux, des renforts inattendus viennent d’arriver… C’est partie pour un deuxième round que vos joueurs pendront bien plus au sérieux que la première partie puisqu’ils auront moins de ressources.
Privez les joueurs de leurs ressources habituelles
Avec cette méthode, vos joueurs vont vous détester…. Mais ils se souviendront un moment du combat où ils ont dû combattre en slip et armés de tabourets les assassins de la dague noire venus les attaquer dans leur sommeil.
Sortez-les de leur zone de confort
Il s’agit ici de casser les habitudes des joueurs. Le paladin du groupe se met toujours en 1ʳᵉ ligne pour encaisser les coups pendant que l’archer et le mage tirent à distance ? Séparez le groupe, mélanger les positions, cassez leurs habitudes pour les sortir de leur zone de confort.
Je vous garantis qu’un mage en première ligne est bien plus créatif que lorsqu’il lance sagement ses sorts du fond de la pièce 😀
7. Ajouter des enjeux à vos combats
Un combat sans enjeux est un combat sans intensité. On le fait parce qu’il faut avancer dans l’histoire, mais on pourrait tout aussi bien s’en passer.
il peut y avoir plusieurs type d’enjeux :
- L’enjeu émotionnel ;
- L’enjeu financier ;
- L’enjeu moral ;
- L’enjeu scénaristique.
L’idée est qu’un combat doit apporter quelque chose au récit, sans quoi il est juste gratuit et complètement mécanique.
Comme vous pouvez le voir, il n’y a rien d’insurmontable dans tout ça. Avec quelques méthodes simples à mettre en place, un peu de préparation et de pratique, vous allez voir que vos joueurs vont vite en redemander 😉
Et vous, quelles-sont vos méthodes pour rendre les combat de jeu de rôle passionnant ?
Merci pour ces conseils. Prochain affrontement prévu: sur un bateau avec une tempête qui se lève. Voilà qui me permettra de mettre tes conseils en pratique.
J’ai des images de tempêtes, de vagues qui atterrissent avec fracas sur le bateau, de bateaux qui tanguent et de mâts qui cassent, ça promet du beau combat 🙂